En-jeux écossais
J’ai un problème et je veux vous le partager, car je suis curieuse de savoir ce que vous en penserez.
Dans le fond, c’est pas compliqué, je suis surstimulée par mon environnement. Je perçois tout, je vois tout, et j’essaye tout le temps de faire des liens entre tout ce que je vois.
La conséquence de ça est que je suis constamment dans une énergie de création, ce qui est positif, mais c’est épuisant d’avoir l’esprit toujours allumé comme ça, et ça devient difficile d’être simplement dans le moment et d’apprécier ce qui se passe. Enfin, et là se trouve le réel enjeu, c’est que je ne suis pas convaincue que les liens que je fais sont toujours pertinents pour un lecteur, comme toi, là, par exemple, qui est en train de lire cet article.
J’aime les contradictions, les situations inhabituelles, les contraires, les absurdités, les contrastes, oui, tout ça, encore et toujours plus, mais à quel point c’est intéressant pour un lecteur de savoir tout ça ?
Voici donc la surstimulation que j’ai vécue dimanche dernier aux Jeux écossais de Montréal, qui avaient lieu, sans surprise à Verdun :
(C’est une transcription remaniée de l’enregistrement audio que j’ai fait en sortant du site. C’est un essai, dites-moi si vous trouvez ça intéressant comme format !)
« Alors là je reviens des jeux écossais, alors déjà toute l’expérience d’arriver là, puis la première chose que tu vois ce sont des monsieurs muscles en jupette qui lancent des marteaux sur un fond de cornemuse éraillée, déjà, c’est quelque chose.
Ensuite, tu te rapproches d’un kiosque où des petits vieux jouent du violon, et tu remarques qu’il y a une clôture en métal derrière le kiosque, parce que l’événement est payant, et derrière cette clôture, de voir des filles super maigres, et de se dire : « Ah ben, ce sont des anorexiques de Douglas ! »
Parce que là, c’est ça, il faut comprendre le contexte : ce sont les Jeux écossais de Montréal sur le terrain d’un hôpital psychiatrique, et autour des barrières, tu vois des anorexiques qui sont là avec leurs tubes dans le nez, ce sont des squelettes en somme, qui ont le droit de sortir, mais on voit bien qu’elles ne peuvent pas aller bien loin, et toi t’es là, tu as payé pour être là, et tu regardes, tu les regardes, toi tu es sur le site, dans l’enclos, mais ce sont elles, en vérité, qui sont enfermées, et en background tu vois ces hommes en jupette qui lancent des marteaux et des troncs d’arbre, qui parlent français, anglais, écossais… mais qui est en background, les hommes en jupette ou bien les squelettes ?
Et en plus de tout ça, il y a l’animateur qui te fait penser à Stewart, Stewart qui était d’origine écossaise, mais qui était australien, et là, là, ça bouillonne dans ma tête, je fais plein de liens, et je ne sais pas si ces liens sont pertinents ou non, intéressants ou non : est-ce que c’est triste de voir les anorexiques exclues d’un événement ou bien c’est beau parce qu’elles ont la chance justement de sortir de l’hôpital puis de voir autre chose pour se changer les idées ? Je sais pas. »
Alors, si on récapitule, on a :
Écosse/Canada/Québec
Anorexie/être en santé
Les clôtures, comme au zoo, nous sommes dans l’enclos, mais ce sont ces filles qui sont enfermées
L’animateur montréalais écossais qui me fait penser à mon ex australien
Les hommes qui portent des jupes (quoiqu’en 2024, ça, c’est rien !)
Et tout ça, tout ça, ça se juxtapose dans ma tête et j’essaye de trouver un beau filon et une belle leçon de vie à tirer de tout ça pour vous la partager ici.
Alors, qu’en pensez-vous ? Est-ce grave, docteur ? Est-ce que je souffre de conscience aiguë ?
Pensez-vous que c’est le prix à payer pour être une auteure, poète, créatrice de contenu, de constamment être inspirée et titillée par son environnement ?
(L’enregistrement audio n’est plus disponible, c’était trop lourd pour WordPress !)
Tu as juste conscience de processus qui se déroulent en arrière-plan chez la plupart des gens. Tous les cerveaux sont surstimulés, mais la plupart des humains décident de se ranger derrière leurs biais cognitifs pour faire le tri en autopilote. Tes réactions à ces stimulations ne sont pas censées être pertinentes, tu ne leur as pas encore appliqué ton filtre. L’analyse de tes réactions par contre est tout le temps pertinente, et c’est ça qui fait que c’est agréable de te lire (et de t’écouter).
Wow, merci beaucoup Joseph! Quel beau commentaire. Contente que tu apprécies mes pensées non-filtrées !