Debbie et Larry
Depuis le mois d’août, j’habite un magnifique appartement situé dans Verdun. Plancher de bois franc, moulures, hauts plafonds; dans un coin tranquille et près de la nature. Le seul hic ? Mes voisins sont insupportables ! Le jour où je les ai rencontrés, ils se sont d’ailleurs trouvés bien drôles de me dire que les gens qui occupent mon logement ne restent pas plus qu’un an ou deux.
Debbie et Larry sont un vieux couple de mal commodes qui s’endurent depuis 50 ans. Ils n’ont aucun savoir-vivre, se crient après à longueur de journée, et se pensent les kings de la place. You’re a fucking idiot, Larry!, Shut your fucking mouth you fucking phony bitch!
C’est charmant.
Après cinq mois de pur enfer, j’avais un choix à faire: rester et endurer, rester et me battre, ou bien rester et chercher un appartement.
Pour naviguer ceci, je devais d’abord tenter de répondre à la question suivante: Quelle est la leçon dans tout ça ? Est-ce que peu importe l’endroit où j’habite, mon karma est de me ramasser avec des fous furieux, qu’ils soient mes colocs ou mes voisins ?
Parce que dans le fond, Debbie et Larry sont mes colocs. Je les entends marcher, parler, ronfler. Je sais quand ils sont réveillés ou non. La seule différence est que l’on ne se parle pas et que je ne les croise pas dans l’appartement; comme si la leçon était que je ne suis pas encore prête à avoir complètement la paix dans ma transition entre vie de colocs et vie seule.
Une autre interprétation (et ça me fait mal de me l’avouer) est que Debbie et Larry sont apparus dans ma vie pour m’apprendre à m’exprimer et à prendre ma place. Quand ils sont fâchés, ils crient. Quand ils veulent chanter, ils chantent. Ils n’ont aucune retenue et aucune étiquette; juste de l’émotion pure.
Alors même s’ils profitent des autres et qu’ils sont centrés sur eux-mêmes, ils sont aussi authentiques et fiers. Tandis que moi, la petite Odile avec le chakra de la gorge tout pogné, j’encaisse les coups et je grince des dents en silence. Est-ce que toute la colère qu’ils expriment ne serait pas un miroir de ma propre colère ? Et donc une invitation à l’exprimer ?
À présent, après toutes ces réflexions, revirement de situation: Debbie et Larry ont été expulsés ! Parce qu’en plus d’être de mauvais voisins, ils ne payaient pas leur loyer non plus… ça vous donne une idée.
Pour les prochaines semaines, j’aurai donc la sainte paix et pas de nouveaux voisins, car mon propriétaire va retaper l’appartement et l’insonoriser. Je suis aux anges !
PAR CONTRE, écoutez bien ça, le jour où mes voisins haïssables ont quittés, un père avec deux enfants complètement hors de contrôle ont emménagés en dessous de chez mon copain !
J’en reviens pas. C’est plus loin de moi, oui, mais quand même ! Qu’est-ce que ça veut dire ? Que je suis OBLIGÉE d’avoir des voisins pas d’allure dans ma vie ?
Mon copain pense que ça veut dire que la leçon n’a pas été apprise, que je n’ai pas le choix d’accepter le chaos de la vie et de lâcher prise sur mon illusion d’environnement extérieur contrôlé.
Aaaarrgghhh.