Crier au meurtre
En fin de semaine, je suis allée faire une renaissance. C’est une technique de respiration qui permet de se libérer de mémoires traumatiques imprimés dans le corps physique. J’ai fait ça en groupe, dans une grande salle, avec plein de monde qui faisait l’exercice en même temps. Le moins que je puisse dire, c’est que c’était intense. En plus, vu que l’on s’entendait tous mais que l’on ne se voyait pas tous, je n’ai pas été témoin des renaissances les plus spectaculaires. C’est tout dire.
Je pourrais vous décrire ma renaissance, mais ce n’est pas cela que j’ai envie de partager avec vous. Ce que je veux exprimer, c’est à quel point cette expérience m’a fait réaliser davantage l’absurdité de notre quotidien. Toute notre vie, on se lève, on va travailler, on s’occupe des enfants, on va dans le Sud, on se met beau; tout ça, la plupart du temps, avec un beau sourire, mais notre vérité, c’est que l’on agonise de l’intérieur, sans même s’en rendre compte.
Ce que j’ai entendu, ce n’était pas que de la respiration accélérée; c’étaient des cris primaux, des hurlements de peur et de désespoir, de la tristesse si profonde que les contractions partaient des entrailles, des cris de jouissance et des rires incontrôlables parfois. Je n’ai jamais entendu des hurlements autant chargés d’émotion. Et n’oubliez pas, on parle de plusieurs personnes en même temps qui agonisent ! C’était bouleversant.
Comment ça qu’on passe notre vie à performer (Oui, oui, ça va, et toi ?) quand dans le fond, c’est cette détresse animale que l’on porte. Nous sommes des bombes à retardement, des prestos bouillonnants prêts à exploser. Et puis juste penser à toute l’énergie que ça nous prend pour nous contenir au quotidien… Pour sauver la face, pour gagner notre vie, pour se faire aimer.
Je ne veux pas être une bombe à retardement. Je veux me débarrasser de tout ce qui m’empêche d’être pleinement moi. On a appris que faire une renaissance permet de créer de l’espace dans notre réseau énergétique, le but étant de dégager tous les canaux pour que notre force de vie puisse circuler librement. Je me suis dit Tiens tiens, il ne suffit pas de désencombrer sa garde-robe ! Et c’est vrai; il faut créer de l’espace partout, vraiment partout, pour vivre à son plus haut potentiel.
Dernière observation : je me sens uniquement en vie quand c’est intense de même. J’aime ça quand ça crie, ça pleure, ça se roule par terre. Pour moi être en vie, c’est être dans les extrêmes, dans des émotions qui ne sont pas soutenables à long terme. Alors je vais chercher mes petits kicks une fois de temps en temps pour me donner des électrochocs de vitalité.
Et vous ? Avez-vous vécu une expérience similaire ? Pensez-vous que notre corps contient une puissance insoupçonnée ? J’ai hâte de vous lire.