We could have it all
Depuis mon déménagement, je vis une anxiété incontrôlable en lien avec ma mésaventure en Australie : mes yeux brûlés par le soleil et la perte de ma vision de nuit. Ça fait déjà quatre ans, mais en ce moment, c’est comme si ça venait juste d’arriver. Je me promène dans la pénombre de mon appartement, la peur au ventre, incapable d’accepter ma nouvelle réalité.
Au-delà de cette angoisse, une pensée m’obsède: celle que si je n’avais pas provoqué cet incident, j’aurais une vie parfaite: un appartement magnifique, un copain exceptionnel, un emploi qui me comble, des amitiés solides… mais que toutes mes joies seront à jamais assombries par ce handicap dont je suis 100% responsable.
En parallèle, je crois aussi que tout ce qui nous est arrivé, le bon comme le mauvais, nous a menés là où nous sommes aujourd’hui, et que pour cette raison, notre vie est exactement telle qu’elle devrait être.
C’est magnifique comme vision du monde… mais si difficile à croire au quotidien !
J’ai beaucoup de difficulté à prendre responsabilité sur ma vie et à avancer avec les conséquences de mes choix. Comme un enfant, je voudrais pouvoir faire un trade-off avec l’Univers : Univers, si tu me redonnes ma vue parfaite, je deviendrai une bonne personne, promis !
Ça serait tellement merveilleux.
ET, pour revenir à l’idée que notre vie est exactement telle qu’elle devrait l’être, je me demande : quelles circonstances heureuses serais-je prête à sacrifier pour retrouver ma vue pré-Australie ?
Dans le sens que, on ne sait pas de quoi aurait l’air ma vie aujourd’hui sans cet incident. Peut-être que je n’aurais pas rencontré mon chum. Peut-être que je n’aurais pas commencé mon livre. Peut-être que je n’aurais pas ce magnifique appartement dans Verdun.
Est-ce que cette expérience souffrante ne m’a-t-elle pas appris l’impermanence de mon corps et l’importance de vivre ? Qui, en retour, m’a poussé à débuter mon blogue et mon podcast, ce dernier s’appelant d’ailleurs Rien à perdre ?
Toutes nos expériences suivent une suite logique qui n’est logique que pour l’Univers.
Alors, est-ce que je veux vraiment TOUT avoir ?
Une partie de moi dit oui et l’autre, non.