Je déménage
Après plusieurs mois de ne plus être capable d’endurer ma coloc mais ne pas non plus vouloir quitter mon magnifique appartement, enfin, je déménage. À Verdun. Pour célébrer, ma charmante coloc a décidé de débrancher l’internet sans me le dire pendant que je l’utilisais. C’est fin, hein ? C’est comme ça depuis des mois.
Ce qui me pousse maintenant à écrire cet article pour canaliser la rage que j’ai envers cette chose humaine qui me pourri la vie depuis près d’un an. (En passant, ne jamais co-signer un bail avec un.e inconnu.e, je vous promet que vous le regretterez.)
Pendant des mois, j’ai résisté, j’ai minimisé l’impact négatif sur ma santé mentale de vivre avec une personne abusive, mais là, je n’ai plus choix. Je dois quitter. Après m’avoir enlevé mes droits humains de base (parler, rire, me laver quand bon me semble, etc), elle m’a transformé en un animal enragé et sanguinaire prêt à attaquer n’importe qui qui essaye de lui enlever les quelques miettes d’humanité et de liberté qui lui reste.
Je l’haïs tellement pour ce qu’elle m’a fait ! J’ai envie de lui sauter au cou et lui arracher la face. On est rendu là. En anglais, on dit ‘cornered’, ‘she cornered me’ dans un racoin de l’appartement (ma chambre) et elle pousse, elle pousse, jusqu’à ce que je pète ma coche et que je doive partir pour ne pas virer folle (ce qui est malheureusement déjà fait).
Et malgré la rage, j’essaye de voir le positif. Le positif dans le fait de changer de quartier après quatre ans, d’habiter seule même si ça va me coûter plus cher, de quitter une communauté que j’ai bâti de toutes pièces (voisins, friperie, cours de danse, piscine, amis du quartier). Et c’est dur. Dur de ne pas avoir la perception que je la laisse gagner. Que je lui laisse mon magnifique appartement parce qu’elle est plus féroce que moi et que c’est moi la faible.
Et je suis fâchée contre moi-même de l’avoir laisser faire, d’avoir cru ses demandes irréalistes recevables, de m’être pliée en mille pour qu’ELLE soit heureuse, pendant que moi je suis devenue une créature aux yeux exorbités à la mèche plus que courte.
Ma tante qui est psychothérapeute m’a appris le concept des renoncements nécessaires. Il s’agit de tout ce dont on doit laisser aller dans le but d’évoluer. Je pense que céder mon appartement à ce démon en est un excellent exemple : je dois laisser mon appartement et ma vie de Pointe-Saint-Charles pour devenir une nouvelle Odile. Pour vivre la prochaine étape de ma vie. Une Odile, aussi, qui prend responsabilité pour son bien-être même si ça implique de perdre quelque chose qui a énormément de valeur à mes yeux. C’est dur. Mais il faut avoir la foi que c’est ce qui est le mieux pour moi.
D’ailleurs, depuis que j’ai signé mon nouveau bail, que de belles coïncidences se présentent à moi. Je suis magiquement porté vers mon nouveau chez-moi, un jour à la fois. En réalité, j’ai très hâte de me retrouver et de pouvoir être pleinement moi à la maison.
Qu’elles sont les choses que j’ai le plus envie de faire ? Aller en gougounes au Natatorium, me promener toute nue, tirer la chasse d’eau quand ça fait mon affaire, prendre ma douche le matin, pratiquer mes cours de danse dans mon salon, et pouvoir faire l’amour avec mon chum partout dans l’appart.