Misérable
Ça va pas. Je suis misérable. Oui, ma coloc m’énerve, mais ce qui ne va vraiment pas, c’est ma job. Et ça me fait chier de me sentir comme ça : mon équipe est le fun, c’est à côté de chez moi, c’est dans mon domaine, mais je ne peux pas. Pourquoi je ne peux pas être satisfaite de ça ? J’en peux plus de me faire violence avec le 9@5, d’être stressée et d’être enfermée chez moi à longueur de journée.
Je n’ai plus de vie depuis que j’ai commencé à travailler à temps plein. Tout tourne autour de mon travail et je suis constamment irritée et prisonnière de mon ordinateur. En plus, je savais que je n’aimerais pas ça, le temps plein, la vie d’agence…mais je voulais l’essayer et voilà ce qui arrive. Je ne me reconnais plus. J’essaye de rationnaliser la situation pour les raisons citées plus haut et je ne fais que couler encore plus profondément. Et ce qui m’enrage davantage, est de voir que je suis devenue quelqu’un qui a quelque chose à perdre.
Avant, je faisais l’éloge de prendre des risques et de se lancer dans le vide. Maintenant, j’ai peur de quitter mon emploi parce que je ne pourrai pas me payer mes soins dentaires et enfin réaliser mon rêve d’habiter seule. J’ai peur de redevenir femme de ménage. J’ai peur de manquer d’argent à nouveau, et j’endure ma situation pour ne pas retomber dans mon ancienne vie.
En même temps, je me rebelle contre l’idée qu’il faut souffrir pour être capable de subvenir à ses besoins. Je ne veux pas vivre comme ça. C’est tellement limitant et arriéré comme façon de penser ! Pourtant, on dirait que tout le monde autour de moi se fait chier au travail et accepte la fatalité de leur situation.
Et l’entrepreunariat. Avoir un emploi stable me permet d’expérimenter avec l’entrepreunariat, mais en même temps je suis tellement misérable et épuisée que je ne vois comment je vais être capable de nourrir ce projet dans la joie.
Je suis terrifiée et découragée. Je ne sais pas comment je vais m’en sortir. Je suis malheureuse en emploi et sans emploi, et j’en reviens pas à quel point l’argent est au cœur de nos choix.
Mais le véritable problème, c’est qu’aucune situation ne me convient parce qu’il me manque une raison de vivre. Il y a plein de monde qui réussisse à bâtir une vie qu’ils aiment en gardant leur emploi à temps plein. Pourquoi? Parce qu’ils sont allumés d’une passion et d’un désir inébranlables.
Je n’ai pas ça, moi. J’ai souvent dit que si j’étais perdue dans le bois, je me laisserais mourir au lieu d’essayer de m’en sortir. Je le pense encore.
Wow. Odile est encore à la case départ. Malheureuse et désespérée.
Ça commence à être pas mal redondant mon inaptitude à vivre.
Aaarrgh.