Fermer son téléphone
J’ai beaucoup de plaisir à fermer ou à ne pas amener mon téléphone avec moi quand je ne veux pas être dérangée. En fait, j’ai remarqué que je me sens plus disponible quand je ne suis pas disponible, dans le sens que je suis davantage dans le moment présent et réceptive à ce qui se présente quand je n’ai pas mon cellulaire sur moi.
Ça me donne une sensation d’espace et d’importance électrisante. Je me donne de la valeur ! Pourquoi est-ce que j’amènerais mon téléphone avec moi si je n’en ai pas besoin et que je suis occupée ? Je pense que le fameux FOMA, fear of missing out, y joue pour beaucoup, surtout dans un contexte professionnel : « Oui mais si je n’ai pas mon cell avec moi, je pourrais manquer un contrat payant !? ». Ça nous stresse de passer à côté de quelque chose, surtout en tant que pigiste.
Ma nouvelle philosophie là-dessus est que si ces personnes-là ne sont pas capable d’attendre 2 secondes pour que les rappelle, je ne veux pas travailler pour eux. Je ne veux plus me sentir cheap et facilement remplaçable. Je veux être contactée parce qu’ils veulent faire affaire avec Odile, pas n’importe quelle pigiste qui sait faire des phrases complètes.
Même chose pour les rencontres amoureuses. On devient tellement insécures quand on rencontre quelqu’un ! On est pendu après notre téléphone comme si notre vie en dépendait. « Oui mais il a dit qu’il appellerait AUJOURD’HUI ! Pourquoi n’a-t-il pas encore appelé !? ». (By the way, je fais ça moi aussi. Je suis extra insécure.)
En parallèle, je pense que plusieurs d’entre nous se sentons coupable de fermer notre téléphone juste parce que ça nous tente. Quand on écoute un film, quand on lit, quand on médite. Comme si on devait être disponible en tout temps même pendant nos temps libres; qu’on n’a pas droit de se donner la permission de jouir pleinement du moment présent. Moi par exemple, quand je me fais plaisir avec du poulet BBQ, j’éteins toujours mon cellulaire : JE DÉGUSTE MON POULET EN PAIX. Merci.
Ultimement, je crois que le fais d’être rejoignable en tout temps est une forme d’encombrement. La charge mentale et le stress que cela crée n’est pas négligeable. C’est aussi une façon de nous enlever notre pouvoir : « J’espère que personne ne va m’appeler pendant que j’écoute ma série ! » Pourquoi tu ne fais pas juste éteindre ton téléphone ? Je pense que cette incapacité à se choisir parle de notre besoin de plaire et de soutenir les autres. Ce n’est pas une mauvaise chose, il faut simplement apprendre à honorer ses propres besoins !
En revanche, chez certaines personnes, être disponible en tout temps cache une peur profondeur d’être seule avec soi-même. Pour éviter d’être seule avec leurs pensées, ces personnes combleront le vide par une disponibilité incessante. C’est comme quand on est sur appel. Vous sentez-vous vraiment détendu et présent à la maison quand vous êtes sur appel pour le travail ? Non. Cette disponibilité qui est une forme de charge mentale désagréable pour la majorité d’entre nous peut être réconfortante pour ceux et celles qui ont besoin de s’évader d’eux-mêmes.
Ah la la, j’aurais tellement plus à dire sur le sujet ! Fermer mon téléphone quand j’en ai besoin est une des façons les plus concrète et puissante que j’ai en ce moment de me donner de la valeur et de me respecter : quand je fais les courses, quand je prends une marche ou bien quand je vais à la piscine. J’ai adopté cette habitude depuis bien longtemps et j’adore ça : je me sens libre !
Être disponible selon mes termes représente pour moi le luxe par excellence.