Flot de la vie
J’ai loué un livre à la bibliothèque. Ça s’appelle Little Fires Everywhere. C’est un roman de mœurs qui raconte l’histoire de deux familles que tout sépare qui s’entrelacent.
J’ai remarqué que j’ai recommencé à freiner mon élan naturel en lisant, comme si la première lecture n’était pas suffisante, qu’il fallait repasser avec rigueur pour avoir la permission de tourner la page.
Par exemple, je vais lire une page rapidement une première fois pour capter l’information importante, mais ce n’est pas ma vraie lecture, c’est comme une pratique. Ensuite, je vais la relire plus lentement pour m’assurer que j’ai tout saisi parce que je n’ai pas confiance : ma première lecture sans frein était juste une lecture de surface sans valeur. Et ainsi de suite.
Je pense que ce phénomène parle de ma peur d’être en vie, d’être en interaction en temps réel avec les autres et avec moi-même. J’ai le pied sur le frein et sur le gaz en même temps. Je veux suivre le flot de ma vie et de celle des personnages mais ça va trop vite à mon goût. Il n’y a que deux options : aller trop vite ou ne pas avancer du tout. J’essaye de garder le contrôle en ayant le pied sur le frein, mais je n’y arrive pas vraiment, car mon rythme naturel revient au galop. Alors que faire ?
Je veux vivre, mais à mon rythme, mais le flot de la vie est comme une rivière qui coule à vive allure et je dois décider si je saute dedans ou non. Vais-je choisir la vitesse de la vie ou la vitesse de la peur ?
J’associe mon comportement à mon manque de confiance envers moi-même, les autres et la vie en général. J’essaye de contrôler le flot de la vie parce que sa vitesse est intolérable.
Je vous parle de cela aujourd’hui parce que j’ai remarqué que plus je libère de l’espace dans mon appartement, plus j’ai l’impression que la vie accélère et que je perds le contrôle. C’est une conséquence du désencombrement que je n’avais pas prévu.
Plus je crée de l’espace pour faire de la place à du changement, plus je me révèle à moi-même et plus je perds le contrôle. Je crée littéralement de l’espace pour l’inconnu ! C’est normal que les énergies circulent plus vite et que je perde le contrôle. L’encombrement gardait l’énergie stagnante et prévisible.
C’est clair comme de l’eau de roche (oui !) que je ne me réaliserai pas à mon plein potentiel si je garde le pied sur le frein. Si je veux bâtir mon entreprise, vivre de la joie, de l’aventure, je dois sauter dans la rivière et me laisser porter par le courant.
En espérant ne pas faire glou-glou.