Poil pubien
Je me rappelle le moment où j’ai vu mon premier poil pubien. J’étais assise sur la toilette dans notre appart sur Saint-Hubert. C’était un long poil brun sur le côté gauche de ma vulve. Ma vulve parfaite et imberbe qui devait quitter l’enfance pour aller dans le monde poilu des adultes. Je ne me souviens pas de mon émotion; seulement de la surprise. Je ne sais plus si je l’ai laissé là ou non.
20 ans plus tard, assise sur la toilette dans mon appart sur la rue Jardin, je remarque mon premier poil pubien blanc. Seconde surprise. Cette fois, je sais ce que je ressens : tristesse, déception, acceptation. Ce poil représente ma sexualité vieillissante, mon pouvoir féminin qui s’éteint. La tristesse vient du constat que je n’ai pas su jouir de mon corps de femme durant les 20 dernières, dans tous les sens du terme : style vestimentaire, sexualité, relations.
Ce poil m’indique que j’ai manqué le bateau. Il y a heureusement un soulagement qui accompagne mon état, puisque la pression que je me mets à essayer d’être femme est souvent écrasante plus que libératrice. À présent je me dis : c’est bon, je n’ai plus besoin d’essayer.
Quand même. 20 ans. 20 ans à avoir un corps de femme. 20 ans à avoir ses règles. 20 ans à vivre des cycles. La meilleure approche est de regarder de l’avant et d’être ouverte à vivre la prochaine phase de ma vie. (C’t’une blague ! Je ne vais pas abandonner maintenant ! Je commence à peine à être bien dans mon corps. Je m’en fous, je serai une cougar avec cheveux et poils blancs : je vais l’avoir ma jeunesse !)
J’ai arraché mon poil.