Les Internets
Nous n’avons pas Internet à l’appart aujourd’hui. Ça fait longtemps que ce ne m’est pas arrivé. Je dois dire que ça me fait du bien. Un dimanche complet sans réseau. La dernière fois, c’était lorsque j’habitais chez ma grand-mère pendant mes études universitaires. Pendant quatre ans, je n’ai pas eu Internet à la maison.
Ma grand-mère vivait en retrait du monde. Elle a habité la même maison pendant plus de 50 ans et son mode de vie n’a pas évolué depuis le temps où elle était mère et femme au foyer. On vivait au ralentit : pas de va-et-vient, pas de bip bip électroniques, pas de course à la gratification. On pouvait juste être. J’aimais vivre le jour dans l’action et le soir dans un décor vintage d’une autre époque. Avec du recul, ma vie universitaire était elle aussi décalée de la réalité. J’étais soit protégée par le cocon du campus de l’UdM ou bien isolée chez ma grand-mère.
Ironiquement, elle tenait mordicus à écouter les nouvelles deux fois par jour. Je ne crois pas que l’actualité l’intéressait vraiment. Je crois que c’était mon grand-père, un intellectuel, qui aimait les écouter, et l’habitude est restée. Elle regardait beaucoup la télé; particulièrement les soaps de l’après-midi. Il y avait des oreilles de lapin sur le téléviseur et une bonne journée on captait deux ou trois chaînes. Elle recevait La Presse tous les matins. Le samedi, on la lisait ensemble : elle, les sections Actualités, Économie et Sports; moi, les sections Voyage, Gourmand et Maison.
On aimait faire les jeux à la fin: elle aimait les mots-croisés et moi les mots-fléchés. C’est drôle de se remémorer ces souvenirs. Pendant que mes collègues de classe faisaient la fête, moi je buvais de la camomille et je faisais des jeux avec ma grand-mère.
En tant qu’étudiante, être coupée du monde m’a été bénéfique. Je faisais toute la partie recherche et communication à l’université, et toute la partie réflexion et création à la maison. Malheureusement, ce mode de vie n’est plus possible aujourd’hui. Mais quelle place occupait Internet dans nos vies il y a 10 ans ? Je ne m’en souviens plus.
Peu importe, je renoue aujourd’hui avec cette tranquillité. J’ai fait des crêpes, du ménage, j’ai sorti les décorations de Noël, j’ai cuisiné, et maintenant, j’écris un article de blog. Même si je suis en général concentrée quand j’écris, j’apprécie grandement l’absence de tentation. Je me sens légère, présente. Peut-on programmer de ne pas avoir de WIFI une fois par semaine ?
* évidemment, je publie cet article LE LENDEMAIN du dimanche sans internet