Coco
Ma voisine a une chatte qui s’appelle Coco. De ma table de travail, je l’aperçois à la fenêtre opposée. Elle a un magnifique pelage couleur caramel. Quand elle était petite, la fenêtre semblait immense. Maintenant, elle a plus l’air d’un lion pris dans une cage minuscule.
Tous les jours, nous sommes assises face à face, toutes deux derrière notre fenêtre. Moi, dans une cage que j’ai choisie, elle, dans une cage que ma voisine lui impose. J’aime penser qu’elle se demande ce que je fais là: pourquoi est-ce que tu ne t’enfuis pas ? Tu es pourtant humaine, tu peux faire ce que tu veux ! De mon côté, je m’imagine comment ce serait d’être un chat : est-ce que ça te plait d’être logée nourrie en échange de faire des câlins ? Ça semble être un bon deal.
Je ne pense pas qu’il existe d’équivalent humain de l’entente que Coco a avec ma voisine. En comparaison, une poule de luxe entretenue par un sugar daddy sera logée nourrie, mais l’entente dépend de sa volonté à soigner son apparence physique et à coucher avec le daddy en question. Coco, elle, ne fait que recevoir : que vaut sa liberté ?
Quand on est libre, on cherche ce que Coco a : être logé nourri et faire des câlins. Comme un bébé. D’ailleurs, les bébés ne sont pas libres non plus et ils sont très heureux. Je sais bien que j’idéalise la situation de Coco. Je crois que je suis fascinée par le fait qu’elle n’a pas besoin de se battre pour sa vie et de mériter l’amour que ma voisine lui donne.
Elle peut juste être. Elle peut même être désagréable si ça lui tente. Tandis que moi, je dois entretenir mes relations et être ‘agréable’ pour recevoir de l’affection. Coco, juste parce qu’elle est ‘chat’, se mérite tout plein d’amour et d’attention. À quel point, en tant qu’humain, faut-il travailler fort, entretenir nos amitiés, nos amours, pour mériter des câlins ? Je dirais trop.