T-shirt
Je pourrais vous dire que j’ai obtenu 2 emplois cette semaine. Je pourrais vous dire que ma nouvelle coloc est exceptionnelle et que ces deux éléments combinés ensemble m’apportent une joie et un soulagement immense. Mais non. Je vais vous parler de Michael. De qui ? Michael, l’Australien dont je suis tombée amoureuse il y a 2 ans et demi de ça. Pourquoi ? Parce que Michael a liké une de mes publications sur Facebook hier et que mon petit cœur a fait un bond et s’est écrasé par terre.
Ce fut un choc de vivre ça. Après tout ce temps, de n’avoir aucune communication avec lui depuis 2 ans, de délibérément ne pas le suivre sur Instagram parce que son travail est tellement merveilleux que ça me fait de la peine à chaque fois que je vois une de ces oeuvres, et là, sorti de nulle part, un seul like me jette à terre.
En fait, je ne devrais pas dire ‘sorti de nulle part‘. Encore cette semaine, en allant au Jean Coutu, j’ai vu un employé qui avait la même shape et les mêmes cheveux gris argentés que lui et j’ai voulu prendre cet inconnu dans mes bras. Ça m’arrive régulièrement de croiser des Michael dans la rue et d’avoir cet élan. Pendant un temps, c’était sa voiture bleu électrique que j’imaginais stationnée près de chez moi. J’aimais cette voiture. C’était le bordel dedans : des CDs, une planche de surf, des roches, des câbles : un fouillis de créatif. Et maintenant que j’y pense, mon voisin/coiffeur me fait penser à Michael : le même corps, le même âge, une voiture sport argentée avec du matériel qui traîne à l’arrière, et comme lui, il porte des t-shirts unis colorés : bleu, vert, rose, mauve, orange… J’adore ça. Les couleurs m’excitent et après j’ai juste envie d’enlever le t-shirt.
C’est exceptionnel ce que j’ai vécu avec Michael. Il y avait de la tendresse, de la complicité, du respect. On s’aidait à grandir. On faisait des projets créatifs ensemble; on était bénévoles pour un festival artistique. On échangeait des idées, partait sur des délires, construisaient des installations dans la nature. On faisait des trips de bouffe, des road trips, il me parlait de sa famille; c’était magique. On était bien; on avait du fun. C’était nourrissant.
Après 2 ans et demi, c’est facile d’idéaliser la relation. Je suis consciente que le contexte de voyage a accentué l’expérience que j’ai vécu. Néanmoins, ce n’était pas parfait. Dès le premier jour, je savais que Michael était insécure et hésitant à débuter une relation avec moi. De jour en jour, je percevais ses défauts et ses qualités. Il n’y a pas eu de honeymoon phase. Et j’aimais tout. J’aimais le package deal au complet.
Avec du recul, je peux mettre les morceaux du casse-tête ensemble et voir pourquoi ça n’a pas fonctionné. Et surtout, pourquoi je ne veux pas partager ma vie avec lui. But what can I say? I still love him. Comme j’aime encore Ben, mon premier amour. Ce sont mes âmes sœurs. J’ai appris qu’il faut accepter quand une âme sœur est aveugle au potentiel d’une relation. Ça ne sert à rien d’attendre que l’autre se réveille, il faut continuer à avancer. C’est fascinant de constater que je crois encore que ces deux hommes sont de bons matchs pour moi : je les aime de loin, reconnaissante d’avoir eu la chance de partager des moments avec eux.
* J’ai changé le nom de mon amoureux.