Désespoir et incompréhension
Comment ça que je suis encore en train de me battre pour ma vie ? Pu de colloc, pas de stabilité financière. Je suis épuisée, j’ai peur, je veux abandonner. Mais je ne peux pas ! There’s nowhere to go. Y a pas de plan B. This is it. Je dois rester.
On est jeudi soir, il est 21h00, et j’envoie des cv comme une perdue. Je suis en mode panique. Comment ça que j’ai 33 ans, que je travaille depuis l’âge de 17 ans, que j’ai 2 bras, 2 jambes, 2 diplômes universitaires, parfaitement bilingue, et qu’il n’y a personne qui veut travailler avec moi ? Qu’est-ce qui cloche chez moi ? Pourquoi je n’ai pas ma place sur le marché du travail ? Et ce n’est pas à cause de la Covid, c’est l’histoire de ma vie. J’en ai assez de me faire dire que je suis donc ben intelligente et créative et différente si c’est pour me retrouver à 4 pattes dans la baignoire d’une inconnue pour torcher sa salle de bain au salaire minimum. C’est quoi cette vie de merde, what went wrong ? Pourquoi est-ce que j’ai des amis fantastiques qui ont du succès professionnel et moi je vis dans la dévalorisation et la misère la plus totale ? Ça fait aucun sens. ARGH, crisse-moi patience, Universe ! Je ne veux pas faire le Hero’s journey. Je ne vois pas comment je peux en arracher plus que ça avant de me relever et de réussir. Yé où le fucking rock bottom ?
Je ne vois pas le bout, je suis épuisée, et là je sens que je ne serai bientôt plus capable de faire mes ménages. Je vais péter ma coche dans pas long, et je n’aurai plus aucune source de revenu. Et je sais ce qui m’attends : je quitte la job, je suis euphorique et libérée, j’ai espoir en l’avenir, j’ai confiance en moi, et là, je panique, je redescends sur terre, et je suis prise la corde au cou à nouveau. All over again. Mais les ménages ont toujours été mon dernier choix. Y a pas d’autres choix après. Je ne peux pas aller plus bas. Je ne peux plus être caissière, mon corps se rebelle, je n’arrive plus à faire le travail. Quand est-ce que je devrai arrêter de croire que je vais m’en sortir ? J’en peux plus de ces montagnes russes d’espoirs et d’illusions, je tougherai pas ça encore bien longtemps. (Non, je ne suis pas suicidaire, j’aime trop manger et danser pour m’en aller d’même, mais vraiment, je ne vois pas le bout. Je n’ai pas la résilience nécessaire pour cette incarnation terrestre, et je suis canadienne et de classe moyenne, ça vous donne une idée de mon niveau de tolérance au désespoir.)