Bruit d’été
Je capote. Les voisins du dessous se sont acheté un climatiseur. Je n’ai pas réussi à dormir une seule nuit complète depuis. Toute ma chambre vibre comme si j’étais dans la cave d’un paquebot et fermer ma fenêtre et mettre des bouchons ne servent à rien. J’ai écrit un courriel à ma voisine ce matin, lui expliquant mon problème avec beaucoup de bienveillance et en proposant des solutions. Elle a cogné à ma porte ce matin pour m’expliquer avec beaucoup de bienveillance qu’elle a essayé de régler le problème, qu’elle est désolée, mais que ça va être ça. Oupsy daisy. Personne n’a tort, tout le monde est dans son droit. Elle a droit de s’acheter un climatiseur et moi j’ai le droit de vouloir dormir. Nos droits sont incompatibles. Qui gagne? Elle. Pourquoi? Je ne sais pas.
En parallèle, ma coloc a recommencé à travailler. Elle est barmaid. Quatre nuits par semaine, elle rentre à 2:00 du matin, claque la porte, prend une douche, se lave les cheveux, se fait à manger, lave sa vaisselle, et va se coucher. Moi, j’attends, comme une cruche, dans mon lit, que toute sa routine soit terminée. Ça peut pas être ça la vie. Comment ça que nos voisins et nos collocs ont autant d’impact sur notre bien-être ? On est sensé cohabiter. Encore une fois, personne n’a raison. Je vis de jour, elle de nuit. Elle a le droit de vouloir prendre une douche après un shift de 10hres quand elle sent la sueur et l’alcool. Et moi j’ai le droit de vouloir bien dormir. Encore une fois : Qui gagne? Elle. Pourquoi? Je ne sais pas.
J’ai exprimé mes besoins auprès de ces deux personnes et elles ont fait de même. Pourquoi suis-je perdante? Pourquoi leurs besoins sont plus importants que les miens? Parce que c’est ainsi, je perds des après-midis entiers dans mon lit, sleep-deprived, au lieu de monter mon entreprise ou tout simplement d’aller de l’avant. Comment est-ce qu’on est sensé foncer quand on ne dort pas ?
La bonne nouvelle, qui ne m’a pas semblé bonne immédiatement, est que ma colloc veut déménager. Elle souhaite vivre avec son meilleur ami. Sur le coup, j’étais anéantie parce qu’en plus de vivre une instabilité financière, il faudrait que je me tape à nouveau un changement de colloc, ce qui est très anxiogène pour moi. Mais à présent, je le vois comme une opportunité. Pourquoi ne pas garder l’appart rien que pour moi ? J’en ai assez de vivre en colloc, surtout ce genre de colloc où mes besoins de bases ne sont pas comblés. L’idée de me payer cet appartement seule me terrifie parce que j’ai encore moins d‘argent que d’habitude, mais ne serait-ce pas l’occasion de m’inciter à me lancer en affaire ? Comment combler le déficit monétaire avec mes talents et ma créativité ?
Le plus grand luxe que je peux m’offrir à mes yeux est la tranquillité et le contrôle de mon environnement. Et puis, ça veut aussi dire que l’été prochain, je pourrais dormir dans la chambre désormais vide pour pourvoir dormir en paix. Bref, je n’ai aucune idée comment je vais réussir à me payer ce luxe mais j’ai envie d’y croire et d’essayer. Suis-je prête à travailler 35 heures semaine plus monter mon entreprise en parallèle en échange d’avoir mon propre appart ? La question se pose. D’ici là, rien n’est gagné, ni pour moi, ni pour ma colloc, parce qu’au-delà de vouloir vivre avec son meilleur ami, il faut toujours bien trouver un logement libre à Montréal …