Nos pères
Une période de confinement peut être chargée en émotions. Dans l’inertie, les émotions émergent : on ne peut plus s’étourdir avec des activités extérieures. Si on prend le temps d’écouter, notre esprit nous demandera d’adresser des émotions refoulées.
Grâce à cet isolement forcé, j’ai enfin trouvé le courage d’appeler mon père pour lui demander de venir me voir pour discuter. Contre toutes attentes, il est venu vendredi dernier. Nous avons échangé à cœur ouvert pour la première fois. Dans cette ambiance de fin du monde, nous nous sommes dévoilés comme jamais. Pour cette raison, je garderai toujours un bon souvenir de cette période de confinement.
En lien avec cette discussion, je constate que la majorité de mes ami(e)s ont une relation conflictuelle ou superficielle avec leur père. Certaines m’ont confié que de rencontrer leur père à l’extérieur de la maison familiale pour discuter franchement était inconcevable.
D’une part, ça me sécurise de penser que ma relation avec mon père est ordinaire, et d’un autre côté, ça m’attriste de savoir que la majorité des gens n’ont pas accès à un père ouvert, sensible et bon communicateur. Pourquoi est-ce ainsi ? S’agit-il seulement des pères baby-boomers ?
N’est-ce pas dérangeant de penser qu’il y a un statu quo autour de la question ? « C’est comme ça, les hommes ne savent pas communiquer ! ». Mon père dit que l’histoire de la fille et du père dans une relation conflictuelle est « classique »; mais est-ce une raison pour l’accepter ? Moi j’ai décidé que non et j’ai bien hâte de voir quelles seront les répercussions à long terme de mon initiative.